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paisiblement selon son rêve d’un travail humble, un de ces travaux ennuyeux et faciles qui, selon Verlaine, demandent beaucoup d’amour… En ce cas je ferai son amant cocu. Si c’est trop difficile, ça me guérira. Si elle fait la noce, je verserai le denier à Dieu, et l’on couchera ensemble. Une fois bien constaté que Louise ne vaut pas en science amoureuse la petite Thea, mon amie, je perdrai contact spontanément. Si elle est voluptueuse, j’en ferai ma maîtresse. Voilà tout, c’est simple comme bonjour. Freud n’avait pas songé à ce traitement. Je vais me guérir par la satiété ou le dégoût…

Le soir tombait. La grisaille du ciel se plombait lentement ; on ne percevait plus dans l’avenue qu’une perspective courte et ombreuse ; des autos se hâtaient, portant des milliers d’hommes vers leurs demeures ; des lumières jaillissaient çà et là. Le docteur de Laize sourit, calmé.

— Elle est peut-être dans une de ces voitures, pressée ardemment contre un amant chéri ?

Il alluma une cigarette :

— Je vais dîner à Montmartre, aller dans quelque music-hall voir des genoux cagneux, mais nus, et des seins piriformes aux mamelons oubliés, puis de là, à minuit, je commencerai une tournée dans les boîtes de nuit. Louise de Bescé, prends garde à toi, j’ai une note à te faire payer !

Il sourit :

— Si, par exemple, je me trouvais impuissant devant elle, comme cela arrive aux amoureux trop tendus, j’aurais l’air d’un bel idiot ! Bah ! j’éviterai ça. Au besoin je lui rappellerai mes petits rêves galants, mon cinéma intime. Elle m’aidera à les revivre en fait… Allons-y !