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Il imagina une théorie freudienne de son cas.

— Cet Autrichien, tout de même, je l’ai honni, vomi, presque insulté jadis. Ce n’est pas si bête son idée. En somme…

Il s’appliqua à suivre une explication logique.

— En somme, je refoule, voilà la vérité. Je suis fils de cinq générations de notaires. Ce furent gens pudiques et bourrés de dignité. Ils m’ont laissé la mécanique à faire la vergogne, mais pas les inhibitions éthiques.

Il se frotta les mains :

— C’est là que gît le lièvre. Je porte les contraintes morales de ces ancêtres, mais sans leur morale même. En somme, j’ai cultivé l’amour de cette pauvre Louise dans un domaine quasi anesthésique, par le mouvement devenu automatique de l’amour sentimental. C’est cela. Je fais du romantisme dans l’inconscient.

Il s’arrêta de raisonner :

— Mais que diable, tout de même, ces scènes de cochonneries, ce n’est pas seulement romantique ? Comment expliquer cela ?

Il se questionna :

— Es-tu chaste ? Non ! Es-tu prude ? Non ! Ces songes-là sont pourtant des imaginations de religieuse ou de moine. Comment en trouver la clé ? Au fond, n’est-ce pas que je suis salace naturellement et qu’en mon tréfond une force appelle la possession de Louise ? J’y suis ! Je suis un homme qui fait de l’amour dans les ténèbres de la subconscience. De là sort un violent désir matériel pour celle qui me l’inspire, et ce désir, faute de trouver où se répandre dans ma pensée, s’apaise en imageries obscènes. Une guérison ? Je suis terriblement bête de n’y pas avoir songé nettement. Il me faut chercher la petite Louise. Elle est à Paris, on me l’a encore écrit de Bescé. Ou bien elle vit