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toujours, comme jadis, fine, délicate, hautaine et si jolie, suivant une voie parisienne, en quelque faubourg sale et mal famé. Elle y paraissait à l’aise pourtant, quand, brusquement, voilà que…

Un rictus crispa les muscles de son visage. Ses mâchoires se serrèrent à bloc.

Des rôdeurs surgissaient dans la ruelle sinistre, des bandits à casquettes, en espadrilles, qui couraient comme des fauves sur cette belle jeune fille que leur offrait le hasard. Ils prenaient Louise de Bescé et l’emportaient comme une proie vers un hôtel borgne.

Le médecin, angoissé, bien qu’il sût vivre en ce moment un simple cauchemar, suivait les rôdeurs dans les escaliers puants et gras de l’hôtel. Il entrait dans une chambre ignoble, avec le pot à eau ébréché et la descente de lit usée au-delà de la corde. Avec des rires ardents et pleins d’alcool, on mettait Louise au milieu d’un cercle de faces patibulaires. Elle se tenait droite, à peine plus pâle, regardant sans étonnement ces brutes déchaînées. Alors, un des hommes prenait l’adolescente par les hanches et prétendait à l’amour. Elle le giflait. Ils l’assaillaient. La défense énergique de la charmante Louise ne la libérait pas. Ils étaient trop. De force, on la plaçait en posture de bête. À petits coups de couteaux, le pouce près de la pointe, pour créer la douleur sans grave blessure, on pouvait tout de même l’immobiliser. La curée sexuelle commençait.

Levant les jupes, un des bandits s’apprêtait à la violer par-derrière, à la façon des bêtes. Elle se roulait à terre, voulait échapper à ce supplice effarant. On la ressaisissait. Un des hommes se couchait sous elle et l’empoignait par la taille. Mais il ne faisait pas que la tenir. Il la prenait parmi les rires farouches et excités. L’autre, celui qui tout à l’heure n’avait pu réussir un acte différent et pourtant semblable, parvenait à ses fins. Ce n’était pas tout. Parmi les couteaux levés et les abois de cette meute délirante, un homme se plaçait devant Louise de Bescé. Il ne pouvait plus occuper que sa face… Il s’efforçait de le