IX
LE VOLEUR VOLÉ
Victor attendait depuis près d’une demi-heure avec Edmond Marceau ou plutôt Narcisse Lafond, l’arrivée de Puivert lorsque celui-ci quittait l’hôtel Rasco pour se rendre au bureau du courtier.
Au fond de ce bureau était une porte presque toujours fermée, donnant accès à un corridor étroit au milieu duquel était une trappe de fer conduisant au soubassement. On ne voyait point cette trappe, toujours soigneusement couverte d’un tapis. Évidemment le vigilant Edmond voulait amortir tout bruit venant de l’étage inférieur, car il avait fait bourrer la trappe de ce côté. Même la détonation d’un révolver ne pouvait être entendue dehors.
On sait qu’Edmond comptait jouer un mauvais tour à l’homme d’affaires de Darcy ; aussi avait-il cru prudent de tenir son bureau fermé pendant toute la durée de leur entrevue.
— Narcisse, dit Victor, qui ne s’était pas habitué à donner à Edmond son nouveau nom, je crois ton fermier au moment d’arriver ; il est tantôt dix heures et c’est l’heure du rendez-vous.
— Ne sois pas inquiet, je fais bonne garde.
— À propos comment as-tu appris que cet homme est le fermier de M. Darcy ?
— Çà c’est mon secret.