y a six mois, s’il n’avait pas eu un service par charité, ma foi, il s’en serait passé.
Pendant qu’elle parlait, elle n’avait cessé de jeter sur son interlocuteur un regard curieux et investigateur, mais tout le temps, Narcisse était demeuré impassible.
Voyant le peu d’effet de ses paroles, et, voulant savoir quelque chose du jeune voleur, à tout prix, elle ajouta :
— Oui, comme je te disais tantôt, voilà où conduit l’honnêteté : c’est pourquoi je ne la recommande pas trop à Victor ; pour moi, maintenant que je suis vieille, cela ne vaut pas la peine de changer.
Disons que la bonne femme n’avait pas besoin de changer beaucoup pour devenir malhonnête.
Après avoir écouté ce bavardage de la mère de Victor, sans lui répondre, Narcisse monta à la chambre de ce dernier.
Nous n’avons pas besoin d’expliquer à nos lecteurs ce qui avait décidé Narcisse à commettre le vol en question. Il pensait pouvoir faire receler les bijoux par Victor et il avait raison.
Un mot maintenant sur Victor.
Il ne possédait pas l’extérieur avenant de Narcisse ; en effet si la figure de ce dernier ne se faisait pas remarquer par la noblesse et la franchise, elle brillait par les traits d’une rare intelligence. Victor n’avait qu’une figure abrutie et repoussante. Un front bas sur lequel tombaient de longs cheveux en désordre augmentait l’aversion qu’on ressentait pour toute sa personne. C’était le vrai type du vagabond.
Tant qu’avait vécu son père, celui-ci avait songé avant tout à donner une bonne éducation à son fils