VIII
DEUX MAUVAIS SUJETS.
Au milieu de toutes ces aventures le lecteur, nous l’espérons du moins, n’aura pas oublié M. Puivert, l’homme d’affaires de M. Darcy, ni la rencontre qu’il avait projetée avec Marceau pour le lendemain de son arrivée à Montréal.
Aussi le matin de son rendez-vous, c’est-à-dire, le lendemain de la soirée qui avait si tristement illuminé la représentation du jardin Guilbault, pouvions-nous voir, vers neuf heures et demie, Puivert donnant un dernier coup de brosse à son habit et se regardant, d’un air suffisant, dans une mauvaise glace placée dans une petite chambre de l’Hôtel Rasco, sur la rue St-Paul, où il logeait habituellement lorsqu’il venait à Montréal. Il était au moment de sortir pour rencontrer le courtier de la rue Notre-Dame.
— Voilà une spéculation vraiment extraordinaire, une véritable mine d’or, répétait-il à chaque instant. Cet homme est fou ou je n’y comprends rien.
De son côté, Edmond n’avait pas perdu son temps depuis qu’il avait si merveilleusement excité l’avarice du fermier de Ste-Anne.
À peine arrivé à Montréal, il s’était abouché avec un de ces hommes qui ne vivent que de rapines et du salaire de leurs forfaits.
Cet homme, dont il requiert les services pour le moment, se nomme Victor Dupuis.