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VENGEANCE FATALE

Et avec la rapidité qui le caractérisait toujours dans l’exécution d’une idée, il s’achemina vers la rue St-Laurent.

Il fut très longtemps avant d’arriver au jardin Guilbault, tant la foule obstruait la route. Il y avait aussi un vacarme épouvantable.

Partout les buvettes innombrables que l’on trouve sur le chemin conduisant au Mile-End étaient remplies de personnes ivres, pendant que d’autres y entraient continuellement pour prendre des consommations.

Ernest arriva enfin à la place du cirque, entra dans la tente et chercha Louis partout, mais sans succès. À un endroit reculé, il aperçut une dizaine d’individus entassés les uns sur les autres, pêle-mêle, et qui paraissaient avoir perdu l’usage de leur raison plutôt que de leurs membres. Il se convainquit aisément que Louis n’y était pas.

Il reprit donc encore une fois le chemin de la rue St-Alexandre, et s’étant nommé, il fut aussitôt introduit auprès de Mathilde et d’Hortense.

— Eh bien ! quelles nouvelles nous apportez-vous ? fit cette dernière en l’apercevant.

— Mais aucune, Mademoiselle ; je venais pour en demander, je n’en apporte point. Louis n’est donc pas venu ici ?

— Nous ne l’avons pas vu plus que vous.

— Cela devient tout-à-fait étrange ; je ne sais plus que penser.

— Mon Dieu ! fit Hortense, pâle comme la mort.

— Où êtes-vous allé ? demanda Mathilde.

— D’abord je me suis rendu chez Louis, il n’y avait personne. Alors je suis monté jusqu’au cirque le cher-