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VENGEANCE FATALE

Décidément, Puivert ne pouvait revenir de sa surprise. Affaire d’or, murmurait-il, affaire d’or !

Le courtier examina à loisir la figure avide du fermier.

— Il ne vous manquerait pas quelque autre reçu ? demanda-t-il à Puivert.

— Je crois que j’ai perdu les deux derniers, répondit effrontément celui-ci.

Edmond tira un petit livret de sa poche.

— Je vais voir, dit-il. Bon, m’y voici, je crois ; quinze cents piastres déposées le 29 janvier, et, quatre cent cinquante, le 15 février. C’est bien cela, n’est-ce pas ?

— Oui, dit Puivert.

Edmond signa deux reçus pour ces sommes, et les donna au fermier.

— Décidément, cet homme est fou, pensait Puivert. C’est une affaire d’or pour moi, murmura-t-il d’une voix assez forte pour être entendu de Marceau.

— Affaire d’or, oui, répondait celui-ci tout bas, mais on verra bientôt à qui elle profitera le plus. Tu me crois fou, vieux Puivert, mais prends garde à toi.

Puis tout haut :

— Serait-ce une indiscrétion de vous demander ce que vous venez faire à Montréal ?

— Nullement, monsieur. Vous savez sans doute que j’ai des relations d’affaires avec M. Darcy, et il m’a fait demander.

— Viendrez-vous faire encore quelque dépôt chez moi, monsieur Puivert ?

— Non, car je suis court d’argent ; même j’aurais besoin d’une petite somme.