Le lecteur n’en comprendra pas moins l’embarras de Madame Lesieur, lorsqu’elle disait à son fils : « j’espère que ce n’est avec mademoiselle Montfermeuil. »
Mais Ernest la rassura promptement.
— Oh, dit-il, ces amours sont oubliées, et comme Suzanne ne m’a jamais aimé sérieusement, elle se consolera facilement. Non, je vais épouser Mademoiselle Darcy, la sœur ainée de la fiancée de mon ami Louis qui est charmante. N’est-ce pas, Louis, fit-il en s’adressant à ce dernier, qu’elle est charmante ?
— Tout à fait charmante, répondit Louis.
Madame Lesieur avait eu le temps de se remettre, Elle fit entendre un grand éclat de rire.
Tu dis que tu vas épouser Mlle Darcy. Sais-tu au moins si elle a de l’affection pour toi ? L’as-tu vue assez souvent pour pouvoir juger de son caractère ? Car pour l’épouser dans deux mois…
— Si j’ai vu mademoiselle Darcy ? Deux fois, la première chez elle et l’autre chez Madame Larveau. Mais cela me suffit. Dès le premier soir, je l’ai aimée et je le lui ai dit. Le lendemain, je l’ai trouvée plus belle que la veille, et je sais qu’elle me porte autant d’affection que j’en ai pour elle. Rien n’empêche donc que je me marie dans deux mois.
Madame Lesieur et Louis souriaient malgré eux aux promptes décisions d’Ernest.
Quant à la mère de celui-ci, quoiqu’elle fût naturellement très surprise en apprenant cette nouvelle aussi brusquement, elle ne l’accueillait pas moins avec plaisir, car le mariage avec Suzanne Montfermeuil se trouvait ainsi brisé pour toujours.