mère le poussait au mariage, espérant qu’il deviendrait moins léger s’il prenait cette résolution. Or, ne voilà-t-il pas qu’un jour on vient annoncer à Madame Lesieur le mariage de son fils avec Suzanne Montfermeuil, et que tous les efforts pour le détourner d’un projet aussi insensé sont restés sans aucun succès. Madame Lesieur croyant ce rapport faux ou du moins sans fondement, commença par en rire, mais lorsqu’elle fut seule avec Ernest :
— Sais-tu ce que l’on dit de toi, Ernest ? lui demanda-t-elle.
— Non, répondit le jeune homme.
— Eh bien, on dit que tu dois épouser la fille du forgeron.
Ernest ne répondit rien.
— Eh bien ? fit la mère inquiète.
— Ma mère, on vous a dit la vérité, dit Ernest.
La foudre serait tombée à ses pieds dans la maison que Madame Lesieur n’eût pas été secouée davantage.
— Et moi, qui n’ai voulu ajouter aucune foi à cette nouvelle, quand tes amis sont venus m’en instruire !
Au fond Ernest avait un bon cœur et il aurait regretté la moindre peine qu’il eût pu causer à sa mère.
— Calme-toi donc, ma bonne mère, lui dit-il, le mariage n’est pas encore fait ; je m’ennuie depuis quelques jours. Pour me distraire je vais partir pour Montréal.
Il se dirigea en effet du côté de la ville, et, on sait les nouveaux projets qu’il avait conçus pendant son séjour chez Louis.