venue à Louis sans le souvenir d’Hortense, qui le poursuivait continuellement.
Toujours les repas étaient animés de propos amusants.
Un jour madame Lesieur, qui était d’un naturel assez gai, taquinait Louis à propos de mademoiselle Darcy.
— Maman, dit tout à coup Ernest, il me semble, depuis que M. Hervart est ici, que tu amènes souvent dans nos propos la question d’amour ou de mariage.
— Est-ce que ce sujet t’ennuierait par hasard, demanda Madame Lesieur ? Du reste peut-être es-tu injuste envers moi.
— Oh ! Ne va pas craindre que je m’ennuie jamais dans ta compagnie ; si j’ai parlé comme je viens de le faire, c’est que j’avais un secret à te confier. Je choisis donc cette occasion de t’apprendre que j’ai pris la résolution de me marier, et que mon mariage est irrévocablement fixé à deux mois.
En entendant ces paroles de son fils, la pauvre mère avait pâli.
— J’espère, dit-elle, que ce n’est pas avec Mademoiselle Montfermeuil.
Suzanne Montfermeuil était la fille du forgeron de N… Elle était très jolie et spirituelle, mais elle avait aussi la réputation d’une coquetterie outrée. Les jeunes gens du village étaient reçus très librement chez elle et elle avait réussi à y attirer Ernest, qui bientôt parut entièrement subjugué par les charmes de l’agréable villageoise.
Depuis son retour de Québec, Ernest ne faisait rien et paraissait n’avoir aucun goût pour le travail, sa