en riant. Tu vas m’excuser, mais il y a une dame qui m’attend à la salle de réveillon.
IV
VOYAGE À N.
Mathilde était restée toute abasourdie de la déclaration que lui avait faite Ernest. La surprise qu’elle en ressentit l’empêcha de lui répondre ; mais comme ce dernier l’avait dit à l’étudiant en droit, elle n’avait pas paru mal accueillir cet étrange aveu d’un amour né depuis quelques instants à peine. En l’apercevant pour la première fois, elle avait surtout remarqué la beauté et les manières distinguées du jeune homme. La politesse qu’il lui avait témoignée dès le commencement de la soirée lui faisait plaisir, tandis que l’éloignement qu’Edmond Marceau manifestait depuis quelque temps pour elle, surtout pendant ce bal où, se contentant de la saluer, il ne l’avait pas fait danser une seule fois, avait fort blessé la jeune fille et commençait à l’arracher à un amour trop tôt contracté et que quelques jours de plus devaient faire évanouir à jamais.
Après le départ des convives, avant de se mettre au lit, Mathilde raconta à sa sœur l’étrange propos que lui avait tenu Ernest. Celle-ci ne voyait dans Ernest que l’ami de son fiancé. Cette nouvelle ne pouvait que lui causer un vif plaisir.
— Qu’as-tu répondu ? demanda-t-elle à Mathilde.
— Je n’ai rien répondu du tout, tant une semblable déclaration m’a frappée sur le moment.