connu les charmes d’une semblable allégresse, et dont ceux-là seuls qui s’aiment d’un amour réciproque ont jamais joui réellement.
— Je crois, Hortense, dit-il, en se tournant du côté de la jeune fille, que tu n’auras pas beaucoup de détails à donner à Mathilde sur la pièce de ce soir.
— Et pourquoi donc, mon père ?
— Mais tu ne peux saisir les paroles des acteurs et causer tout à la fois. Qu’en pensez-vous M. Hervart ?
— Vous avez raison, M. Darcy, mais votre donnée n’est pas tout à fait exacte ; en effet nous avons cessé notre conversation à toutes les scènes émouvantes, et certes elles ne manquent pas.
On était à la scène du cinquième acte, où l’amant de Marie vient demander sa main.
— Oui, fit Hervart, en répondant à une question de son futur beau-père, c’est le mariage à la fin du drame.
— Cela finit toujours ainsi.
— La règle n’est pas générale cependant, fit tranquillement Hervart ; on pourrait signaler quelques exceptions.
Quoique ce dernier eût prononcé ces mots bien innocemment, M. Darcy tressaillit, mais il se remit très vite et ajouta : « Cette petite Marie a bien mérité son bonheur car elle a essuyé beaucoup de traverses. » Cela me fait songer, fit Hervart, à une femme que j’ai connue et qui a été plus persécutée que Marie dans cette pièce.
— Et a-t-elle succombé ?
— Non, monsieur.
— Demeure-t-elle à Montréal ?