Pendant ce temps, l’impatience dévorait les autres conjurés, qui demandaient tour à tour : quelles nouvelles ? Qu’y a-t-il ? Que se passe-t-il ?
— Eh bien ! voici ce qu’il y a, répondit enfin le docteur, les troupes marchent demain sur St-Charles pour y joindre l’armée du colonel Wetherall. Eh bien ! il faut les arrêter à St-Denis, et une rencontre est donc inévitable.
— Tant mieux ! s’écrient alors cinquante voix ensemble, nous les verrons donc à l’œuvre ces tyrans, et nous saurons bien si ces braves soldats sont aussi gais sur le champ de bataille que dans leurs casernes !
— Amis, dit Papineau, vous devrez renoncer à votre projet, car… Un grand bruit interrompit sa voix :
Nous voulons nous battre, nous nous battrons, et de plus nous verrons la couleur du sang de ces anglais maudits ! s’écrièrent les patriotes, sans penser à l’insulte qu’ils faisaient à celui qui leur avait communiqué ces nouvelles et qui n’était autre que le docteur Wolfred Nelson.
— Je vois avec peine, reprit Papineau, que rien ne peut ébranler votre courage et votre généreuse ardeur. Combattez donc pour l’amour de la patrie !
Le lendemain était le 22 novembre. Cette date nous rappelle toujours avec orgueil l’un des plus glorieux événements militaires de notre histoire, le feu de St-Denis.
Dès l’aube, Saint-Antoine et Saint-Denis furent le théâtre d’un magnifique spectacle.
Des hommes enthousiasmés pour la défense de la liberté opprimée, s’armaient de pistolets, de mauvais fusils, de piques, de pioches, et couraient au lieu du combat.