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VENGEANCE FATALE

— C’est bien ; quelles sont ces nouvelles ?

— Des nouvelles graves et sérieuses.

— Arrive donc vite au fait ; mais d’abord dis-moi d’où tu viens.

— De Sorel.

— Ce n’est qu’aujourd’hui alors que tu as pu traverser le fleuve ?

— Oui, docteur.

— Cela me fait comprendre ton retard, surtout par cette tempête. Que se passe-t-il à Sorel ?

— Lorsque je suis arrivé, on venait d’apprendre qu’un régiment de cavalerie avait été mis en déroute entre Longueuil et Chambly. Cette nouvelle a créé une vive sensation.

— Je crois bien, sacrebleu ! elle a dû faire prendre contre nous quelques mesures énergiques.

— Oui, entre autres, celle d’envoyer de ce côté des troupes immédiatement, et je crois qu’à cette heure le colonel Gore marche sur St-Charles.

— Actuellement ?

— Oui, et il est probable qu’avant neuf heures, demain, il sera à St-Charles.

— Combien de soldats a-t-il avec lui ?

— Je ne puis dire au juste, mais tout fait me prévoir qu’ils seront nombreux.

— Il n’y a donc pas de temps à perdre ; je vais aller prévenir M. Papineau, pendant que toi, mon brave Pierre, tu répandras cette nouvelle parmi tous les habitants[1] ; qu’ils s’arment comme ils pourront et que tous soient prêts à combattre demain dès l’aurore !

  1. Nous avons cru pouvoir employer ce mot que l’usage a consacré au Canada.