tréalaise, qui faisait voile pour le Pérou. Il ne tarda pas à se familiariser avec le capitaine, qui se nommait Nicholas Pouliotte et qui n’était autre que le frère de l’hôte de Madame Gagnon et de sa fille.
Raoul demeura deux ans dans l’Amérique du Sud, où il parvint à amasser quelque argent, grâce surtout à la contrebande que, dès son arrivée au Pérou, il commença et ne cessa plus de pratiquer presque continuellement. C’est alors que le capitaine de la Montréalaise, qui n’avait jamais vu la France, fut pris du désir de visiter la terre de ses aïeux où il fût accompagné par son élève.
On était alors en 1830.
Le capitaine Pouliotte et Raoul débarquèrent à St-Malo le 18 mai, c’est-à-dire deux mois à peine avant la révolution qui devait exiler à perpétuité les rois de la maison de Bourbon.
Les événements qui eurent lieu à Paris pendant les trois mémorables journées de juillet les séparèrent ; d’ailleurs Raoul venait d’atteindre sa majorité et, fier de sa liberté, il ne se préoccupa pas davantage de son ancien maître. Après une couple d’années, cependant, il rentrait de nouveau dans sa patrie, instruit par l’expérience de ses voyages, et ne tardait pas à se lier avec le frère du capitaine Nicholas Pouliotte ; sa présence chez ce dernier, la veille du départ des villageoises de St-Antoine, se trouve donc suffisamment expliquée.
Tel était celui qui avait cru pouvoir prétendre à la main de Mathilde Gagnon.