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VENGEANCE FATALE

mémoire de votre père, que si nous avions à défendre notre vie dans un procès criminel, au cas où les soupçons se porteraient sur nous. Quoique la chose puisse vous paraître extraordinaire, ces soupçons seront probablement écartés, vu que le combat dont nous parlions a eu lieu dans la plus profonde solitude, et que nous n’avons été aperçus par personne dans la société de votre père et de ses amis. Le seul danger qui nous menace vient d’un nommé Victor Dupuis, qui a été vu avec nous, qui combattait à nos côtés, qui a été tué et dont le cadavre sera retrouvé avec ceux de nos adversaires. Toutefois, comme notre séjour ici ne pourrait nous accorder une vie sereine et tranquille, je compte, d’ici à deux ou trois mois, abandonner avec Louis ce pays pour faire un voyage en Europe, d’où probablement nous ne reviendrons jamais. J’ose aujourd’hui vous proposer une alliance pour cette époque et…

— Moi, partir avec les assassins de mon père !

— Vous vous trompez. Louis a, non pas assassiné, mais tué votre père dans un duel bien en règle, il n’y a que lui qui ait trempé son épée dans le sang de M. Darcy. Rien ne saurait donc empêcher notre union si vous m’aimez.

— Ô Ernest !

Le bonheur est toujours égoïste ; Ernest n’avait pas songé aux mêmes difficultés que Louis devait rencontrer auprès d’Hortense. On sait que les deux jeunes gens ignoraient que Darcy n’était pas le père de la fiancée de l’étudiant en droit.

C’est vers ce moment que ce dernier entra dans la maison qui avait appartenu au père de Mathilde