Après avoir dégusté chacun un grand verre de cognac, ils repartirent en remettant leur cheval à une allure très rapide.
Edmond ne s’était pas aperçu que Victor épiait ses mouvements dans la cour du père Pitou, lorsqu’il avait, enlevé les épées de sa voiture.
Après avoir mis les fleurets en un lieu sûr, il marcha assez longtemps, évidemment pour bien retrouver la trace d’un terrain qu’il devait bien connaître à le voir s’orienter de tous côtés, puis il traversa la rue devant la taverne du père Pitou, où on ne voyait aucune construction à cette époque et arriva enfin à un précipice longeant les belles terres de cet endroit. Ce précipice n’existe plus aujourd’hui ; il a été rempli. Arrivé à ce lieu qu’il avait cherché pendant une dizaine de minutes, il eut un moment de satisfaction, puis afin de le reconnaître en cas de besoin, il planta dans la terre un morceau de bois autour duquel il noua un petit linge. Il rejoignit alors ses complices dans la buvette, où ceux-ci l’attendaient avec impatience.
— Père Pitou, voudrez-vous, au premier signe que je vous ferai ce soir, ouvrir vos portes et les tenir ouvertes jusqu’à ce que je vous prie de les fermer ? demanda Edmond à l’aubergiste, en lui lançant un coup d’œil compris à l’instant par ce dernier.
— Je ferai tout selon votre désir, répondit Pitou, qui connaissait Edmond depuis longtemps.
— Maintenant, ajouta celui-ci, trouvez-nous une chambre convenable pour ces deux messieurs et moi, et veuillez nous servir une bouteille de ce cognac que vous tenez généralement en laisse pour vos vrais amis.