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VENGEANCE FATALE

cette aventure. Toutefois si tout pouvait encore s’arranger, sans que nous soyons forcés d’en venir aux mains, j’aimerais mieux cela. Je me demande ce qu’Hortense pensera de moi, si j’en viens jusqu’à croiser le fer avec son père.

— Mais cela est insensé, répliqua Ernest impatienté. Quoi ! nous savons que ces gens-là nous poursuivent de leur haine, que leur principal objet est de nous enlever la vie, et parce que tu aimes la fille de Darcy, tu vas oublier que cet homme a tué ta mère et qu’il t’a rendu orphelin à douze mois, bien plus tu vas lui livrer ta vie comme un agneau. Certes ! moi aussi ! j’aime Mathilde et je lui souhaite le plus grand bonheur qu’elle puisse désirer, mais ce n’est pas assurément une raison pour me laisser tuer par son père. D’ailleurs si tu ne veux pas croiser le fer avec Darcy, moi qui ai moins de scrupules que toi, ou Victor que voilà, nous nous chargerons de lui administrer une blessure qui l’empêchera de voir un autre lever d’aurore que celui de ce matin.

— Voilà comme on doit parler, fit Victor, cela me plaît de servir un homme tel que vous. Si vous les laissiez échapper cette fois, ce serait fini de vous. Monsieur Hervart, je vois bien que vous ne connaissez pas Marceau, tel que je le connais. Il vous a voué une haine féroce à cause de l’affection que vous portez à mademoiselle Hortense, et si vous ne voyez à votre défense, soyez persuadé qu’avant longtemps vos os ne vous pèseront pas. Vous êtes donc le plus en danger.

— Tu vois, Louis, tu es seul de ton avis. Au reste, je ne t’aurais pas accompagné à Lachine, si nous ne