Il faut que je parte à l’instant même, je n’ai pas le temps de payer mes consommations, ce sera pour une autre fois, père Pitou.
— Très bien, répondit celui-ci, qui suffisait à peine à répondre aux demandes des buveurs.
Victor, que nos lecteurs ont déjà reconnu dans l’espion blotti dans l’auberge du père Pitou, demanda aussitôt une voiture et en quelques instants il rejoignait Louis et Ernest, qui l’attendaient environ un mille plus loin.
— Te voilà déjà parmi nous, Victor, fit Ernest en l’apercevant. As-tu vu nos hommes ? Vraiment tu n’as pas été longtemps.
— Oui, je les ai vus, et comme je le croyais, ils attendront notre retour dans l’auberge du père Pitou.
— Sont-ils armés ?
— Crânement, je vous l’assure, j’ai remarqué qu’il y avait des épées, probablement pour Darcy et Edmond, car quant à Puivert, il est muni d’un lourd bâton. De plus chacun d’eux a un pistolet dans sa poche.
— Dis donc Louis, si nous avions suivi ton conseil c’est-à-dire de ne pas nous armer de notre côté, nous aurions eu bonne mine pour revenir à Montréal dans la soirée. Heureusement, mon programme a prévalu. Nous avons, nous aussi, trois révolvers et trois épées. Sans doute, en se servant d’épées, leur but est de n’attirer aucune attention sur le combat qu’ils comptent nous livrer. Eh bien, tant pis pour eux ! Ils s’apercevront que nous n’avons pas assisté en vain aux leçons de fleuret de notre ancien ami Louis Français. Chacun à sa tâche !
— Voilà sans doute, fit Louis, l’issue inévitable de