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VENGEANCE FATALE

— Ma mère, je n’avais pas compris.

— Je crois plutôt que tu n’écoutais pas.

— Parlez alors, je promets cette fois de vous écouter avec attention.

Mêmes reproches, mêmes réponses devaient se renouveler constamment tout le temps du voyage.

Heureusement, le bateau qui transportait nos voyageuses s’arrêta bientôt devant Montréal.

Mathilde n’avait jamais vu la ville qui, à cette époque, était loin de ressembler à la grande métropole du St-Laurent que l’on admire aujourd’hui ; néanmoins son arrivée changea brusquement le cours de ses pensée. Quoique ce quartier ne fût pas un des plus beaux de la ville, elle n’en examinait pas moins tout avec intérêt ; mais sa curiosité ne devait pas être satisfaite ce jour-là, car elle arrivait avec sa mère après quelques minutes seulement chez M. et Madame Pouliotte, qui, comme beaucoup de familles, à cette époque, habitaient la rue Notre-Dame.

Le vieux couple demeurait dans une de ces maisons situées près de la place Jacques Cartier, dont quelques-unes existent encore. Cette maison ne devant plus attirer notre attention, la seule description que nous en ferons sera qu’elle se composait de cinq appartements tous bien meublés, quoique sans luxe apparent.

Madame Pouliotte reçut ses hôtes avec beaucoup de cordialité. Pendant presque toute l’après-midi, madame Gagnon s’occupa de ses effets de voyage. Mathilde aida à sa mère et n’eut pas le temps de s’ennuyer.

À six heures, tous les hôtes du père Pouliotte se réunissaient autour de la table pour le souper. Pendant toute la durée du repas, celui-ci, qui avait été marin