Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
VENGEANCE FATALE

de ce dernier. C’est ici où je me perds. Que s’est-il passé entre eux ? c’est ce que j’ignore complètement. Mais ce que je sais, c’est que loin de prendre des mesures pour se faire rendre les trois cents dollars qu’Edmond lui avait volés, le fermier est revenu le trouver cette nuit avec un autre homme que je ne connais pas, mais que je soupçonne fort être M. Darcy ; tous les trois ont formé un complot qui n’est rien moins que l’assassinat de M. Hervart. Ils étaient déjà en voie de conversation quand je suis arrivé chez Edmond ; je puis donc vous rapporter seulement ce que j’ai entendu.

Victor mit Ernest et Louis au fait, sans en omettre un détail, de toute la scène dont il avait été le témoin invisible dans sa seconde visite chez le courtier de la rue Notre-Dame.

On conçoit l’indignation qui saisit Louis en apprenant que Darcy voulait sacrifier Hortense.

— Le misérable ! s’écria-t-il exaspéré. Ah ! Je le reconnais bien. Vous ne vous êtes pas trompé, cet homme est bien Darcy, le père de ma chère Hortense ! Oh ! le lâche ! sacrifier ainsi son enfant ! abandonner sa fille à un bandit ! Mais, Dieu merci, je saurai bien empêcher tout cela, ou je veux mourir. Puis après un silence de quelques secondes : Darcy a-t-il fait quelque difficulté lorsqu’il s’est agi de livrer sa fille ?

—Non, il la lui a accordée sans faire la moindre objection.

— Le barbare !

— Que voulez-vous ? Entre assassins et voleurs, c’est ainsi qu’on procède.

— Il ne s’agit plus pour moi que de l’attaquer par