et Dieu te défend de briser l’avenir de Mathilde et d’Hortense. Car en frappant le père, tu frappes les enfants. Je te l’ai déjà dit : tu aimes Hortense et elle t’aime ; je te le répète encore. Mais tu comprends toi-même qu’elle n’aurait pour toi que de l’aversion, si tu teignais tes mains du sang de son père. Il est manifeste, qu’elle ne pourrait t’épouser sans se déshonorer elle-même. Épouse-la donc, qu’elle ignore à jamais les tristes événements qui ont eu lieu entre ta famille et la sienne, et éloigne-toi pour toujours de Montréal, du moins jusqu’à la mort de Darcy. Tu m’as demandé de te parler en ami, je l’ai fait. C’est à toi maintenant de décider ce que tu vas faire.
— J’y songerai, répondit Louis. En attendant, je te remercie de ton conseil.
— Mais tu n’as pas le temps de songer, car sois sûr que Darcy est déjà instruit de tout ce qui a eu lieu entre toi et Puivert. C’est un homme d’action ; il ne saurait donc manquer de se mettre à ta poursuite dès demain. Tu devrais aller le voir toi-même aussitôt que possible, lui annoncer que tu connais toute la série de ses crimes, et que si tu as abandonné toute idée de vengeance contre lui, c’est grâce aux sentiments que tu éprouves pour sa fille. Dis-lui aussi que tu veux épouser Hortense sur le champ et que tu comptes t’éloigner avec elle aussitôt après le mariage. À ce prix tu le laisses libre de sa destinée.
Le lecteur remarquera sans doute que, sans y penser peut-être, Ernest avait merveilleusement plaidé auprès de son ami sa propre cause vis-à-vis de Mathilde.
— Je crois que tu as raison, fit Louis, mais pour le