Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
VENGEANCE FATALE

agi envers moi comme un frère. Je ne saurais m’ouvrir à un meilleur cœur.

Tout en faisant ces réflexions, Louis était arrivé chez lui. Il croyait trouver Ernest endormi et il espérait, lui-même, trouver dans le repos un apaisement à ses douleurs.

Je vais me mettre au lit, disait-il en ouvrant la porte, demain j’exposerai à Ernest tout ce que je viens d’apprendre sur cette ténébreuse affaire et il me dira, j’en suis sûr, ce qu’il ferait dans une semblable situation. Sa loyauté est hors d’épreuve.

Il trouva Ernest qui fumait en l’attendant. En voyant les yeux hagards de son ami, son air fatigué, sa mine abattue, Ernest se sentit inquiet ; il comprit sur le champ qu’un événement d’une nature très grave avait dû marquer l’intervalle écoulé depuis qu’il avait quitté Louis pour entrer au club.

Ce dernier ne s’était pas aperçu d’abord de la présence d’Ernest dans le boudoir, où tous deux achevaient généralement leur soirée. Il se laissa choir sur un fauteuil et se prit la tête à deux mains.

Cet abattement moral chez Louis ne dura d’ailleurs que peu d’instants. Il releva bientôt la tête.

— Te serait-il arrivé quelque chose de désagréable ? demanda faiblement Ernest. Je ne te reconnais plus depuis tantôt. Pourquoi reviens-tu si tard à la maison ?

— Je vais te raconter ce qui m’est arrivé, dit Louis. Écoute bien.

Après s’être recueilli un instant, il commença d’un ton lugubre et douloureux le récit des aventures que nous connaissons déjà.