TROISIÈME PARTIE
I
LES ANGOISSES DE LOUIS
Après avoir rendu à Puivert sa liberté, Louis se remit à marcher lentement, en suivant la route de son domicile. Les terribles révélations qu’il venait d’entendre l’avaient complètement atterré. Mais une pensée le travaillait davantage. C’est qu’il aimait avec passion, avec idolâtrie, la fille du meurtrier de son père, de l’assassin de sa mère. Cette Hortense qu’il aimait tant, qui était innocente du crime de Darcy, devait-elle souffrir pour l’ancienne passion de ce misérable ?
— Je ne puis, s’écriait-il dans son délire, car le délire s’emparait de lui peu à peu, laisser ma mère sans vengeance, et encore moins, épouser la fille de celui qui m’a rendu orphelin de si bas âge, en se constituant le bourreau de mes parents ! Une pareille alliance serait indigne de moi ! Ce serait un mensonge, une trahison ! Il faudrait laisser impuni l’auteur de crimes horribles pour n’être pas dérangé dans mon petit bonheur ! Ce serait sacrifier mon devoir à mon égoïsme ! Je ne le ferai point. Non, non, vengeance ! Il faut qu’elle soit éclatante ! Le sang de mon père traîtreusement assassiné, de ma mère lâchement égorgée, crie vengeance jusqu’au fond de mon cœur !
Puis passant d’une pensée à une autre, il se frappait le front et se demandait si les mânes de ses auteurs