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VENGEANCE FATALE

Mais la rapidité avec laquelle le péril s’avançait me força à vous laisser aller.

— Quelle circonstance singulière, pensa Louis, qui reconnut alors parfaitement celui qui l’avait entraîné loin des demoiselles Darcy pendant la représentation de la veille. J’ai été bien inspiré en tenant ce jonc toujours soigneusement caché à tous les yeux. La providence était avec moi.

— Ainsi, reprit Puivert, l’opinion de Darcy a toujours été, et est encore que vous possédez un jonc semblable à celui qu’il avait pris des doigts de votre mère assassinée.

— As-tu quelqu’autre chose à dire ?

— Non, rien qui vous concerne. Je puis ajouter cependant que M. de Lagusse passa la frontière et alla demeurer aux États-Unis pendant quelques années. Il y changea son nom contre celui de Darcy. Quant à moi, personne ne m’avait remarqué, car c’était la seule fois que je fusse allé à St-Antoine. Je demeurai donc au Canada, me croyant à jamais libéré de ce misérable, lorsqu’après quelques années il revint marié et avec une petite fille de deux ans. Il l’avait nommée Mathilde, du nom de votre mère ; ses victimes, disait-il, ne l’inquiétaient pas. Maintenant, je vous ai dit toute la vérité. Souvenez-vous que vous m’avez promis la vie sauve.

— Va donc, j’espère ne plus te rencontrer sur mon chemin.

— Vous m’avez promis aussi de ne pas me dénoncer.

— Je tiendrai ma parole. Encore une fois, va-t-en.

Et les deux hommes se séparèrent.