pas longue, vu qu’il ne s’était pas compromis durant la campagne contre le gouvernement du temps, et que sa présence au champ de bataille de Saint-Denis, d’ailleurs, n’avait été que très peu remarquée. Il continua ses assiduités auprès de votre mère, mais elle ne l’aimait pas et, par conséquent, lerecevait toujours très froidement ; de plus le souvenir de leurs anciennes relations la portait à le craindre toujours. Il n’avait pas été à Saint-Antoine depuis plus d’un mois, quand il y arriva le 20 décembre 1838. Elle résista comme auparavant à ses instances, qu’elle lui dit être peines perdues, et lui conseilla de ne plus la troubler davantage. Il se fâcha alors, et dans son emportement, il osa la menacer de toutes sortes de violences, et c’est probablement alors qu’il lui apprit qu’il avait tué votre père. Je vous assure que je n’étais pas informé de cela à cette époque, car si je l’eusse été…
Puivert n’acheva pas sa pensée, mais il reprit :
— La trouvant donc aussi ferme que jamais, Darcy — je vais lui rendre le nom qu’il porte — revint à Montréal ; mais il regretta après quelques jours la conduite menaçante qu’il avait tenue envers elle dans son dernier voyage. C’est alors qu’il me fit venir. Nous partîmes aussitôt pour Saint-Antoine, où nous arrivâmes dans la nuit du 28 au 29 décembre. La nouvelle de notre présence au village ne put être cachée à votre mère, qui se mit à trembler pour vos jours. J’ai oublié de vous dire que vous étiez né pendant le séjour de Darcy aux États-Unis. Madame Hervart songea à éloigner tout danger de votre tête et, en conséquence, elle vous fit conduire chez votre oncle François Hervart par la bonne qui vous a élevé.