Louis venait de se séparer d’Ernest, qu’il avait laissé au club et retournait seul chez lui.
Après avoir suivi quelque temps la rue St-Alexandre, il s’engagea dans la rue Dorchester.
Bientôt il put entendre tous les mots d’une conversation qui avait lieu entre deux hommes marchant très lentement, et qui le dépassaient de quelques pas à peine.
— Quand même tout ce que tu me chante là serait vrai, disait l’un, tu n’en mériterais pas moins d’être châtié pour ton imprévoyance.
— Mais qui se serait jamais douté de ce guet-apens ? disait l’autre.
— Assez, assez, tu voulais voler, tu as été volé, c’est dans l’ordre des choses.
— Vous faites erreur, ce n’est pas moi qui ai été volé.
— Que veux-tu dire ?
— C’est bien simple ; cet argent était à vous.
— Crois-tu que je ne te le ferai pas rembourser ?
— Vous n’oserez pas.
— Et pourquoi n’oserai-je pas ?
— Parce que si vous me faites rembourser cet argent, je dirai que la fortune que vous étalez avec plaisir, vous l’avez volée.
Le lecteur a déjà reconnu Darcy et Puivert.
— Oui, tu diras que j’ai volé ma fortune, mais qui te croira ? as-tu seulement la moindre preuve de ce que tu avances ?
— Je raconterai l’incendie de la rue Craig et l’enlèvement de la jeune fille.
— Imbécile, on ne te croira pas davantage.