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lui réserver, m’a confié le dossier officiel complet, avec toutes les pièces à l’appui. Il faisait cette enquête solennelle en qualité de chef de la « Mission Afrique Centrale » (le titre de la mission Voulet-Chanoine). Il ne faut pas oublier un instant, en effet, qu’elle devait se mettre, par ordre ministériel, sous son commandement, et qu’elle s’était comme éparpillée, disloquée, évaporée, à son approche. Il n’en avait que davantage le devoir de savoir ce qu’elle avait fait.

Il lui appartient donc, il lui appartient presque seul aujourd’hui, par ses rapports, puisque le Destin a voulu qu’il ne puisse le faire personnellement, de porter un jugement sur cette Mission.

Ses rapports et les pièces de l’enquête, je les ai remises au ministre, en mains propres, à mon retour.

Je ne me serais cependant pas cru encore suffisamment autorisé pour parler de ces terribles événements, quoique j’aie assisté à toute l’instruction, mais une lettre du chef de la Mission, datée de Chéri (300 kilomètres Est de Zinder), du 6 janvier 1900, m’a donné l’autorité nécessaire pour remplir le grand devoir que la mort a empêché le commandant Lamy d’accomplir lui-même.

Voici cette lettre :

« J’ai l’honneur de vous adresser en un gros paquet ci-joint le courrier destiné au Ministre des Colonies.

« Il est inutile de vous dire que vous pouvez prendre connaissance de ce courrier, qui n’a rien de secret pour vous, puisque vous AVEZ ASSISTÉ À TOUT CE QUE NOUS AVONS FAIT. Je vous demande seulement de vouloir bien le remettre dans le même ordre que celui dans lequel il se trouve… »

« A. LAMY. »

Dépositaire de la pensée du commandant, ayant tout vu, tout lu, tout contrôlé, quoiqu’il m’en coûte je veux, je dois parler.


(À suivre.)