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Puis, on demande à Bouthel d’envoyer des spahis prévenir les lieutenants, à Nafouta, de ce qui vient de se passer, et les inviter à venir prendre le commandement des troupes.

Les sergents s’occupent à rassembler les caisses du convoi pillé, et à ramener les captifs et le personnel, éparpillé de tous côtés.

Le sergent Taraoré, qui a tout conduit, fait garder à vue Bouthel et Tourot, pour les empêcher de communiquer avec Voulet, et envoie une patrouille en reconnaissance. Elle revient sans avoir rien vu.

Mais le sergent interprète de Chanoine, Sidi Berté, qui a pris la fuite avec Voulet, revient au village, pour savoir ce qui se passe et demande de l’eau pour le capitaine Voulet. Il s’adresse à Bouthel. Les sergents soudanais interviennent, et disent à Bouthel de ne pas s’occuper de cela, que cette affaire les regarde. Ils le prient de rentrer dans sa case, à la porte de laquelle ils mettent des sentinelles. Alors, ils demandent à Sidi Berté ce qu’il veut. Il répète qu’il vient chercher de l’eau pour le capitaine. Sur le refus des sergents, il leur offre de ramener le capitaine avec cinq ou six hommes. Les sous-officiers se concertent, lui donnent les hommes demandés, mais à la sortie du village, Berté est fusillé.


Voulet fusillé


Le matin, à 10 h. 30, on entend plusieurs coups de feu, aux abords du village.

C’est l’ex-capitaine Voulet qui, ayant erré toute la nuit dans la brousse, et ayant soif, tente de parlementer avec une sentinelle. Il lui dit : « Eh bien ! c’est terminé, on ne s’insurge plus ? »

La sentinelle ne répond rien. Furieux, Voulet lui envoie un coup de revolver. Il est fusillé à bout portant par l’indigène.

Ainsi disparaissent, tragiquement les deux meurtriers du colonel Klobb, punis, non par leurs pairs et leurs compatriotes, mais par des indigènes, convaincus que le crime de Dankori criait vengeance, et se faisant, ainsi, à leur manière, les justiciers de la civilisation.


L’enterrement de Voulet et Chanoine à Megergui


Bouthel fait enterrer le corps de Chanoine.

L’ex-capitaine a quatre balles dans le ventre, deux dans la tête, et il a été mutilé après sa mort par les spahis. Il est couvert de coups de sabre.

Voulet est enterré également (voir l’emplacement sur la carte, lettres C. et V.).

Les deux cadavres resteront à Megergui. Ce coin perdu de la terre africaine redira éternel-