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C’est un mystère qu’il ne nous appartient pas d’éclaircir.

Le 14 juillet ils ne l’ignorent plus, dans tous les cas. Le crime étant consommé.


La proclamation de Voulet et Chanoine
après le crime.


Voulet fait sonner le rassemblement et, devant les officiers et sous-officiers il dit :

— Je viens de tuer le colonel Klobb, qui avaient été envoyé par le gouverneur du Soudan pour nous arrêter, ainsi que le capitaine Chanoine, et nous faire passer devant un conseil de guerre pour que nous ne puissions pas nous rendre au lac Tchad et avoir cet honneur.

« Puisqu’il en est ainsi, nous ne voulons plus être Français.

« Ceux qui voudront rester avec nous n’ont qu’à le dire. Nous prenons la responsabilité de tout ce qui vient de se passer. »

Cependant, l’enthousiasme des indigènes est excité par Chanoine à l’aide de griots, sortes de bouffons qui, par des chants cadencés, vont partout célébrant les louanges des assassins.

Les lieutenants Pallier et Joalland, ainsi que le sergent-major, présents, ne disent rien ; mais, le discours terminé, ils font demi-tour, par principe, silencieusement, et se rendent à la tente de Voulet. Là, ils lui disent qu’ils ne veulent plus suivre la mission dans ces conditions.

— C’est bien ! répond Voulet. Je vais vous donner une escorte de trente hommes, et si, dans un mois, vous n’êtes pas à Say, je vous, attaquerai et je vous traiterai en ennemis.

De force il garde le sergent Bouthel et le maréchal des logis Tourot, en leur disant :

— Vous allez rester pour me rendre le service de conduire le convoi et les prisonniers. Après, vous rejoindrez les officiers à Say.

Ils partent aussitôt avec Chanoine et toute la colonne, sauf une ou deux sections, pour Megergui.


Charles Dorian

(À suivre).