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Malgré les précautions prises, tout le monde sait maintenant l’arrivée du colonel Klobb, sauf à l’avant-garde, où, seul, le capitaine Chanoine est au courant.

Dans la journée, Voulet fait partir les trois sous-officiers, avec leurs 150 fusils, sur Tsarekou et Iasouan. Il s’y rend également.

Les quatre tirailleurs soudanais sont renvoyés à leur chef, le lieutenant-colonel Klobb.

Le 12 juillet, il n’y a plus, pour ainsi dire, que deux groupes : l’avant-garde, sous le commandement de Chanoine, et tout le reste, sous le commandement de Voulet, à Iasouan, à l’arrière-garde.

Il s’agit de préparer les hommes à l’assassinat du colonel Klobb.

Voulet, pour les gagner, fait distribuer tous les cadeaux (perles, colliers, étoffes, etc.), qui étaient destinés aux chefs des pays traversés. On jette dans un puits tous les objets encombrants, pour alléger le convoi.

Les hommes sont stupéfaits de ces largesses.


L’état d’esprit de Voulet


Le capitaine invite, le soir, les trois sous-officiers européens à dîner.

Il est très agité. Pendant le repas, il n’est question que de l’arrivée du colonel.

Voulet pense tout haut. Il songe à le faire buter, lui et sa petite troupe, contre les murs de Tassaoua, défendue par de nombreux guerriers. Pendant ce temps, toute la Mission filerait, en évitant cette ville, vers l’Est.

Mais elle est trop alourdie pour faire ces mouvements rapides, et le plan machiavélique, de faire tuer le colonel par les indigènes soulevés, va échouer à cause des captifs, des captives et du convoi. Juste châtiment !

Il faudra se résoudre au crime direct.


Charles Dorian

(À suivre).