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teau n’aurait pas trouvé à se nicher, avec sa mine de contrebandier.

Un jour, dans le secteur de Berry-au-Bac, ayant vainement battu le village où nous venions d’arriver au repos, il nous rejoignit au bout d’une heure, l’air vexé, dans la grange infecte où l’escouade était cantonnée.

— Rien à foutre dans ce patelin-là, nous dit-il… Ils se barricadent dans leurs crèches comme si c’était les Boches… J’vais aller voir du côté de la Mairie, y parait qu’il y a une poule affranchie qui fait des fois la croûte.

J’observai qu’il n’avait plus son sac, ni ma plus grosse musette, qu’il portait plus souvent pour moi.

— Je les ai laissés chez une blanchisseuse, devant le lavoir, me dit-il en s’en allant, une « vioque » qui nous fera notre linge…

N’ayant rien de mieux à faire, je me dirigeai vers le lavoir, pour prendre dans ma musette une boite de pâté qui me restait. En me voyant entrer, la vieille, qui ravaudait, se leva avec empressement, posa ses lunettes, et cria, à la cantonade :

— Marie ! C’est M. le curé qui vient chercher ses affaires.

Je ne la détrompai pas ; cela ne me vexait aucunement d’être pris pour un prêtre. Marie, sa fille, une grosse dondon au corsage dégrafé et aux joues rougies par le fer, se présenta avec des révérences.

— Ah mais, l’autre militaire qui est venu ne