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Fuis sous les feuillages champêtres :
C’est là que réside la paix,
Et qu’à l’ombre des jeunes hêtres
On pratique tes doux secrets.
Sur des gerbes, sur une tonne,
Le baiser s’y prend, ou s’y donne ;
Le plaisir n’y fait pas compter ;
Et l’impitoyable étiquette
Sur les lèvres d’une coquette
Ne t’y fait jamais avorter.
Mais en quelques lieux qu’on t’appelle,
Ne déserte point mon réduit ;
Si j’ai pu te rester fidéle,
Que tes faveurs en soient le fruit !
Séme des fleurs sur ma jeunesse ;
Jusques dans la froide vieillesse
Renouvelle encor mes desirs,
Et puisses-tu, pour récompense,
Rencontrer souvent l’innocence,
Et la soumettre à tes plaisirs !