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Tu vas sur tes sujets fidéles
Dispersant des fléches de feu :
Tu nourris de tes étincelles
Le flambeau de l’aveugle dieu.
Sans toi que seroit le bel âge ?
Il t’offre son premier hommage,
Il s’éclaire de tes rayons ;
Et, des desirs hâtant l’ivresse,
Sur les lèvres de la jeunesse
Tu fais tes plus douces moissons.
Loin de l’œil éclatant du monde,
Combien d’êtres infortunés,
Dans une obscurité profonde,
À gémir semblent condamnés !
Pour eux Zéphyr est sans haleine,
Les épis qui dorent la plaine,
Rarement mûrissent pour eux ;
Toi seul les retiens à la terre,
Et, même au sein de leur misère,
Tu leur apprends l’art d’être heureux.