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Nos ames survivront au terme de nos jours ;
Pour s’élancer vers lui par des routes nouvelles,
Le dieu qui les forma leur prêtera des aîles.
De ce globe échappés, nous verrons ces jardins
Ouverts dans l’élysée aux vertueux humains.
Là, tout naît sans culture : en cet aimable asyle
La terre d’elle-même épanche ses présens :
D’un soleil tempéré la lumière tranquille
A ce qu’il faut d’ardeur pour fixer le printemps.
Ce sont de toutes part des sources jaillissantes,
Dont le cristal retombe et fuit sous des lauriers.

Zéphir murmure et joue à travers les rosiers,
Fait ondoyer des fleurs les moissons odorantes,
Disperse leurs parfums, et dans ce beau séjour
Souffle avec un air pur les chaleurs de l’amour.
Là, des tendres amans les ombres se poursuivent ;
Ces amans ne sont plus, et leurs flammes revivent :
Là se joue en tout temps la douce illusion ;