Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et la verdure protectrice
Sous qui mon bonheur fut caché.
C’est moi-même qui le cultive,
Le myrte à jamais fortuné,
Le myrte que tu m’as donné
Avant de quitter cette rive,
Sous mes yeux il s’épanouit,
Et deviendra digne peut-être,
Ou de Thaïs qui le chérit,
Ou de l’amour qui le fit naître :
Jamais l’inclémence des airs
N’offensa son tendre feuillage ;
Il brave, à l’abri de l’orage,
Le souffle glacé des hivers :
Au retour de la jeune aurore,
Je l’arrose chaque matin ;
Je ne m’en fierois point à Flore,
D’un soin qu’elle reclame en vain,
Et veux seul embellir encore
L’arbre sacré de mon jardin.