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L’OPÉRA

CHANT TROISIÈME


 
Descends, viens m’inspirer, savante Polymnie,
Viens m’ouvrir les trésors de l’auguste harmonie.
Tu m’exauces : déjà tous les chantres des bois,
Te saluant en chœur, accompagnent ma voix.
L’onde de ces ruisseaux plus doucement murmure :
Zéphir plus mollement frémit sous la verdure.
Les roseaux de Syrinx, changés en instrument,
Vont moduler des airs sous les doigts d’un amant.
Cet arbuste est plaintif, cette grotte sonore :
La parole n’est plus, et retentit encore.
Dans le calme enchanteur d’un loisir studieux,
Ô déesse ! J’entends la musique des cieux.
La terre a ses accens, et les airs lui répondent ;
Les astres dans leurs cours jamais ne se confondent.
Les mondes, entraînés par leurs ressorts secrets,
Toujours en mouvement, ne se heurtent jamais.
Paroissant opposés, ils ont leur sympathie :
Dans l’accord général, chacun a sa partie ;
Et les êtres unis par ton art créateur,
Forment un grand concert, digne de leur auteur.