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Et vous viendrez alors reproduire à nos yeux,
L’amante qui d’Alceste a captivé les voeux.

Combien, dans ces tableaux, me semble intéressante
Cette actrice, à la fois, noble, sage et décente,
Qui sait tout détailler, et ne refroidit rien,
Assujettit au goût ses tons et son maintien,
Et qui, fidelle au vrai, sans nuire au vraisemblable,
Toujours ingénieuse, est toujours raisonnable !
Si dans son vol jaloux, l’impitoyable tems
A marqué sur vos fronts le ravage des ans,
N’allez point dédaigner nos folles Céliantes,
Et nos Escarbagnas, et nos vieilles amantes.
Ces rôles épineux, dont la charge déplaît,
Quand Drouin les remplit, ont encor leur effet.
Vous y pouvez de l’art déployer les richesses :
Leurs traits sont plus marqués, mais ils ont leurs finesses.
Affectez quelquefois un sourire enfantin ;
Qu’une rose en bouton parfume votre sein,
Et de quelques pompons ornant votre coëffure,
De la beauté naissante empruntez la parure.
Mais, pour nous égayer, ne nous révoltez pas,
N’enrubanez point trop vos burlesques appas.
Dans vos plus grands excès soyez prudente et sage,
Baissez de vos cheveux le double ou triple étage,
Élaguez ce panier, rognez cet éventail,
Et n’ayez point enfin l’air d’un épouvantail.