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Acquérez ce maintien, ce débit plein d’aisance,
Et ces tons assurés, fruits de l’expérience.
Soyez dur, inquiet, défiant dans Simon,
Dans Licandre imposant, tendre dans Euphémon.
Modérez votre voix, qu’elle parte de l’ame.
Il faut que sans éclats votre jeu nous enflame.
D’un geste toujours simple appuyez vos discours ;
L’auguste vérité n’a pas besoin d’atours.
Si cependant un fils contre lui vous anime,
Éclatez, soyez ferme, éloquent et sublime.
Offrez-nous, à l’aspect de ce fils criminel,
Toute la majesté du courroux paternel :
Excitez les sanglots, faites couler les larmes,
De la nature en pleurs déployez tous les charmes ;
Transmettez-nous votre ame, et que le spectateur
Puisse applaudir au pere, en oubliant l’acteur.
Vous, reines du théatre où l’amour vous appelle,
L’orgueil de vous instruire a réveillé mon zele.
Je n’ai point au hasard confondu mes couleurs ;
Économe prudent, j’ai réservé les fleurs.
Muse, couronne-toi d’une palme nouvelle :
La beauté te sourit, il faut chanter pour elle.
Pour t’en faire écouter, forme de plus doux sons ;
Elle veut des conseils, et non pas des leçons.
On ne peut l’éclairer, quand on ne peut lui plaire.
Dirige ses talens, mais d’une main légere.