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Que chaque jour pour vous fait éclorre une intrigue,
Qu’un plaisir trop goûté dégénere en fatigue ;
Et paroissez enfin, excédé de vos noeuds,
Accablé de faveurs, et bien las d’être heureux.

Mais ce ton, ces dehors exigent de l’étude.
Pour contrefaire un fat, il faut de l’habitude.
Voyez nos élégans, et nos gens du bel-air ;
C’est aux plaines du ciel que se forme l’éclair.
Allez, et parcourez ce magique théatre
D’un monde qui se hait, et pourtant s’idolâtre.
Étudiez à fond l’art des frivolités,
Le savant persifflage et les mots usités ;
De vos cercles bourgeois franchissez les ténebres,
Obtenez quelques mois de nos femmes célebres.
Leur entretien, utile à vos sens rajeunis,
Vous enluminera du moderne vernis.
Instruisez-vous des soins, des égards que mérite
La femme que l’on prend, et celle que l’on quitte.
Dissertez sans objet, riez avec ennui ;
Le monde est vain et sot, soyez sot avec lui,
Et revenez, tout fier de cent graces nouvelles,
De leurs propres travers amuser vos modeles.
C’est ainsi que l’abeille, aux approches du jour,
Vole dans les jardins et les prés d’alentour ;
Et disputant la rose au jeune amant de Flore,
Lorsqu’elle a butiné les dons qu’il fait éclore,