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En sons pieux et lents mesurez votre voix :
De ce fourbe imitez le mystique sourire,
Lorsque son œil dévot s’attache sur Elmire ;
Lorsque, laissant errer une indiscrete main,
Des genoux chatouilleux il monte jusqu’au sein ;
Avec suavité médite un adultere,
Et veut, au nom de Dieu, déshonorer son frere.
Que votre air, tour-à-tour, soit ferme et radouci :
Là, soyez prosterné, mais commandez ici.
Le rôle du joueur veut une ame brûlante.
Que toujours l’action y soit vive et saillante.
Paroissez sur la scene, égaré, furieux,
Pâle, défiguré, le chapeau sur les yeux.
Renversez ces fauteuils, que vous croyez complices ;
Roland du lansquenet, ébranlez les coulisses.
Au seul nom de trictrac, frémissez de courroux.
Le dez fatal vous suit, et roule encor pour vous.
Il est plus d’une palme à la cour de Thalie.
L’un consacre aux vieillards une voix affoiblie,
Nous retrace leurs mœurs, leurs penchans clandestins,
Et leur crédulité pour des fils libertins.
Cet autre, qui de soi prudemment se défie,
Se sent, pour les niais, formé par sympathie.
Cet autre enfin, prenant un essor qui lui plaît,
Obéit à son goût, et s’érige en valet.
Songes-y. Dans ce genre auquel tu te destines,