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Et par tradition fut sot et ridicule.

Des rôles différens parcourons les beautés ;
Combinons leur esprit, et leurs difficultés.
À mes premiers regards s’offrent les caracteres.
C’est là qu’il faut de l’art épuiser les mysteres,
Contraindre sa chaleur, soudain la déployer,
Descendre, s’élever, et se multiplier,
Unir adroitement la force à la souplesse ;
Se variant toujours, se ressembler sans cesse ;
À l’auteur en défaut quelquefois ajouter,
Et créer d’après lui, pour mieux exécuter.
Il est des traits saillans que j’aime et que j’admire :
L’art ne les fixe point, le moment les inspire.
Un silence éloquent est souvent un bon mot ;
Un bon mot disparoît, quand l’acteur n’est qu’un sot.
Nous représentez-vous la sombre humeur d’Alceste,
Qui maudit et veut fuir les humains qu’il déteste ?
Que votre abord soit dur, votre front sourcilleux,
Votre voix seche et brusque, et votre œil nébuleux.
Exprimez bien sur-tout ces fougues de tendresse,
Dont il vient amuser sa volage maîtresse ;
Qu’on reconnoisse en vous un mortel égaré,
Qui hait jusqu’à l’amour dont il est dévoré.
Du poëte agité m’offrez-vous la manie ?
Mettez dans votre jeu les écarts du génie.

Jouez-vous le Tartuffe ? Observez d’autres loix ;