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LA COMÉDIE

CHANT SECOND


 
Toi qui, dans un miroir agréable et fidele,
Présentant l’homme à l’homme, amuses ton modele,
Nous reproduis nos traits, nos mobiles travers,
Et ais, en te jouant, corriger l’univers,
Souris à mes accens, viens, folâtre Thalie,
Échauffe mes leçons du feu de la saillie,
Apprends-moi tes secrets, et ne me cache rien
Des mysteres d’un art, interprete du tien.
Ô vous, que de cet art ont séduit les délices,
La palme qu’il promet croît sur des précipices.
Aux succès éclatans vous prétendez en vain,
Si les cieux n’ont en vous transmis ce feu divin,
Cette source de vie aux humains apportée,
Mobile universel ravi par Prométhée,
L’esprit enfin, l’esprit, invisible flambeau,
Qui du monde encor brute éclaira le berceau.
Quels plaisirs sont piquans, s’il ne les assaisonne ?
C’est par lui que l’on pense et par lui qu’on raisonne.
Vous pourrez bien sans lui répandre quelques pleurs,
Cadencer noblement de tragiques douleurs,
De même en imposer aux spectateurs crédules ;