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Choisit au milieu d’eux sa retraite sacrée.

Les yeux étincelans, quel vieillard dans ce lieu,
Environné d’autels, semble en être le dieu ?
Un mortel moins altier, assis au même trône,
Reçoit des mains du goût sa brillante couronne.
Leur terrible rival, pour tracer ses tableaux,
Dans le sang et les pleurs trempe ses noirs pinceaux ;
Et leurs lauriers épars, couvrant le sanctuaire,
Viennent se réunir sur le front de Voltaire.
La grande actrice, admise en ce séjour divin,
Marche et s’enorgueillit près du grand écrivain.
Récitant ces beaux vers, où l’amour seul domine,
Champmeslé pleure encor dans les bras de Racine ;
Et Le Couvreur, l’œil sombre et de larmes baigné,
Attache les regards de Corneille étonné.
Vous, de ces demi-dieux modernes interpretes,
La gloire vous attend, et vos palmes sont prêtes.
Chef-d’œuvres du pinceau, dans ces pompeux réduits
Déjà vos traits brillans sont par-tout reproduits.
Ici pleure Gaussin, toujours sensible et tendre :
Là, c’est toi, Dumesnil, toi que l’on croit entendre.
La nature enrichit ton simple médaillon ;
Et l’art couvre de fleurs le buste de Clairon.