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On y voit des tombeaux entourés de ténebres,
Des fantômes penchés sur des urnes funebres ;
Et l’on n’entend par-tout que des frémissemens,
Que sons entrecoupés, et longs gémissemens.
Deux femmes, sur le seuil, en défendent l’entrée ;
L’une, toujours plaintive, est toujours éplorée :
Ses cheveux sont épars, son front couvert de deuil,
Et sa bouche collée au marbre d’un cercueil.
L’autre inspire l’effroi dont elle est oppressée.
Son front est fixe et morne, et sa langue glacée.
La vengeance, la rage et la soif des combats,
Cent spectres en tumulte accourent sur ses pas.
Ses sens sont éperdus ; ses cheveux se hérissent ;
Sa poitrine se gonfle, et ses bras se roidissent.
Un feu sombre étincele en ses yeux inhumains,
Et la coupe d’Atrée ensanglante ses mains.
Plus loin regne l’amour, cet amour implacable,
De meurtre dégoûtant, malheureux et coupable,
Qui ne respecte rien, quand il est outragé,
Court, se venge, et gémit si-tôt qu’il est vengé.
L’assassin de Pyrrhus, l’euménide d’Oreste,
Ce dieu qui d’Ilion hâta le jour funeste,
Osa porter la flamme au bûcher de Didon,
Et plonger le poignard au sein d’Agamemnon.
De ces sombres objets Melpomene entourée,