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La flamme de l’amour peut, dans un cœur brûlant,
Allumer et nourrir la flamme du talent.

Ce n’est point cet amour qui fait rougir les graces,
Que le morne Plutus entraîne sur ses traces,
Ou qu’on voit, secouant deux torches dans ses mains,
Sourire au dieu lascif qui préside aux jardins :
C’est ce dieu délicat, qu’embellit la décence,
Que l’aimable mystere accompagne en silence,
Qui, sans effaroucher les timides desirs,
Verse en secret des pleurs dans le sein des plaisirs.
Pour vous faire adorer, vous respectant vous-même,
Adoptez de Ninon l’ingénieux systême ;
Et qu’enfin l’amitié, nous fixant à son tour,
Pare encor votre automne, et survive à l’amour.
Voilà par quels moyens et quelle heureuse adresse
Hors du théatre même une actrice intéresse,
Sur sa trace brillante enchaîne tous les cœurs,
Dompte la calomnie et l’hydre des censeurs.
Sur le sommet du Pinde, au séjour des orages,
S’éleve un temple auguste, affermi par les âges ;
Cent colonnes d’ébene en soutiennent le faix ;
On grava sur les murs les illustres forfaits ;
On avance, en tremblant, sous d’immenses portiques ;
L’œil s’enfonce et se perd dans leurs lointains magiques.
On n’y rencontre point d’ornemens fastueux ;
Tout est, dans ce séjour, simple et majestueux.