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Aux talens naturels que l’art soit réuni.
Telle est à nos regards la danse de Lani.
Précision, vîtesse, esprit, tout s’y rassemble.
Les détails sont parfaits, sans altérer l’ensemble.
Elle enchante l’oreille et ne l’égare pas.
La valeur de la note est toujours dans ses pas.
Heinel la suit, Heinel que l’amour lui préfere.
Dans tous ses mouvemens quelle ame douce et fiere !
Parmi le chœur dansant, autour d’elle empressé,
Elle paroît, s’éleve, et tout est éclipsé…
La mortelle n’est plus, j’encense la déesse.
Hébé pour la fraîcheur, Pallas pour la noblesse,
Elle imprime à ses pas je ne sais quoi d’altier,
Et l’œil qui l’admira ne la peut oublier.
Il est une autre gloire où vous pouvez atteindre ;
Il faut tout embrasser, tout sentir et tout peindre.
La danse doit m’offrir d’innombrables tableaux.
Transfuges des palais, dansez sous des berceaux.
L’art brillant des couleurs avec même avantage
Éleve un temple auguste, et nous ouvre un bocage.
Tout objet bien saisi conserve un prix réel :
Teniers est aujourd’hui l’égal de Raphaël.
Quelle nymphe légere à mes yeux se présente !
Déesse, elle folâtre, et n’est point imposante.
Son front s’épanouit avec sérénité,
Ses cheveux sont flottans, le rire est sa beauté.