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Dans tous ses déploîmens sa danse simple et pure
N’étoit qu’un doux accord des dons de la nature.
Vestris, par le brillant, le fini de ses pas,
Nous rappelle son maître, et ne l’éclipse pas.
Bacchantes, exprimez les fureurs de l’ivresse :
Tournez rapidement sous le dieu qui vous presse.
Filles du noir Cocite, armez-vous de flambeaux ;
Élancez-vous par bonds ; que vos pas inégaux,
Égarés, incertains, peignent l’affreuse rage,
Le tumulte de l’ame, et la soif du carnage.
Transportez les enfers sur vos fronts allumés,
Et décrivez en l’air des cercles enflammés.
Zéphirs, d’un vol léger caressez les feuillages ;
Et sans être entendus, parcourez les bocages.
On rit de ces zéphirs orageux et massifs,
Qui font gémir les airs sous leurs bonds convulsifs.
À ce bruit inconnu Flore en tremblant s’éveille ;
Ils ont déjà courbé les fleurs de sa corbeille :
Elle craint, à l’aspect de ses nouveaux amans,
Pour le trône fragile où s’assied le printems ;
Et le parterre enfin renvoie avec justice
Ces sauteurs mal-adroits bondir dans la coulisse.
L’heureuse Germanie est fertile en danseurs,
Et simple dans sa danse, ainsi que dans ses mœurs :
Elle nous a transmis celle qui dans nos fêtes
À nos jeunes beautés fait le plus de conquêtes.