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Qui de mots mal consus forme son entretien,
S’étourdit en parlant, et ne dit jamais rien.
Par ce sens dirigés, riez de l’impuissance
Du burlesque rouleau, sceptre de l’ignorance,
Dont le geste ambulant semble vous menacer,
Et qui coupe les tems, au lieu de les fixer.
Que chaque mouvement soit naturel et libre.
Soumettez votre corps aux loix de l’équilibre.
Élevé dans les airs, soyez assujetti
Au point déterminé d’où vous êtes parti.
Émule de Gardel, dans votre essor habile,
Tombez sur un pied seul, et restez immobile.
Pour atteindre au fini de tous ces déploîmens,
N’allez point vous créer d’inutiles tourmens,
Étudier votre art comme de vils esclaves,
Ni vous emprisonner dans ces dures entraves
Qui du jeu des ressorts vous ôtent la douceur,
En font mille martyrs, sans former un danseur.
C’est peu de m’étaler une danse savante,
Et ces sauts périlleux dont l’effort m’épouvante,
De battre l’entrechat, de jouer du poignet,
De hasarder un rond, de faire un moulinet.
La médiocrité brigue ces avantages :
L’art a d’autres secrets, pour gagner nos suffrages.